L’INTÉRIEUR D’UN COLLECTIONNEUR
À l?occasion du parcours des mondes, la galerie Alexandre Biaggi propose une mise en scène autour des masques africains de la galerie Lucas Ratton, d?une photo de Stéphane Gladieu de la School Gallery, et d?une ?uvre de Matthieu Dagorn. L?atmosphère ainsi créée évoque l?appartement d?un collectionneur éclectique et passionné par les liens entre art premier et art contemporain.
Stephan Gladieu, Surmas #3, Ethiopie, 2011 :
Stéphan Gladieu a écumé le globe pour aller à la rencontre d?histoires singulières et nous apporter des témoignages exceptionnels, des damnés du sel aux veuves de la Cité de Krishna, des Amérindiens aux tribus Maï Maï et Surmas. Son humanité et son ?il exceptionnels, nourris par sa trajectoire de grand reporter, lui permettent de saisir, comme personne les Surmas ou Suris, originaires d?un coin de la vallée du Ri , en Ethiopie, au carrefour du Soudan du Sud et du Kenya. Ils constituent une des très nombreuses tribus de la vallée de l?Omo, rivière longue de 760 kilomètres qui serpente sur le plateau éthiopien. Portraitiste hors norme, il livre cette série réalisée en 2011.
Masque, Ethnie TSHOKWE, Angola :
Ce masque Tshokwe anthropomorphe Pwo représente un visage féminin. La bouche légèrement prognathe est entrouverte et présente des dents pointues. Celles-ci sont le fait d?une déformation arti cielle pratiquée jusque dans les années 1940 qui rehaussait supposément la beauté. Au dessus, le nez aux narines marquées se prolonge en deux sourcils arqués. Les deux yeux en grain de café mi-clos aux orbites creusées sont signi ées par deux nes fentes et présentent des paupières ourlées. Le menton, les joues, le dessous des yeux ainsi que le front présentent des motifs de scari cations rituelles élaborées. Ils représentent des motifs emblématiques identitaires qui intensi ent la beauté féminine. Les marques verticales sous les yeux sont appelées « chemin des larmes » et les motifs sur le menton « fossés d?irrigation ». Le cruciforme central sur le front pourrait être un cosmogramme, ou une réinterprétation des croix portugaises rapportées par les explorateurs, et utilisées comme amulettes par les Tshokwe. Les oreilles qui se détachent de chaque coté du visage sont ornées de boucles d?oreilles. La coi ure en bre est constituée d?un bandeau de tresses délimité par une ligne de perles et présente du raphia sur l?arrière. Cette coi e rappelle la coi ure tota des femmes Tshokwe recouverte d?argile.
Sergio Rodrigues, Paire de fauteuils « DIZ » :
Sergio Rodrigues (1927 ? 2014) est considéré comme l’un des pères du mobilier moderne au Brésil. Héritier du modernisme architectural brésilien porté au niveau international par Niemeyer ou Lucia Costa, Rodrigues fonde la société OCA en 1955 avec un but simple : concevoir un mobilier contemporain qui réponde aux critères de modernité édictés par le Bauhaus, mais dans une tradition typiquement brésilienne.
A l?acier, il préférera donc le bois « Notre matériau naturel le plus noble, issu de la plus grande forêt tropicale du monde ». A la rigueur des lignes, il opposera un confort informel plus proche de la culture locale.?Pour réaliser ce fauteuil DIZ conçu en 2002, le designer brésilien a suivi une voie plus personnelle, s?inspirant du passé portugais. Emblématique du travail d?un designer devenu souverain dans son art, honorant, jusqu?à un âge avancé, les rendez-vous internationaux du design, ce fauteuil DIZ qui s?est vu décerner le premier prix du design du musée de la Maison brésilienne est le siège d?un créateur prophète en son pays.
Matthieu Dagorn, Masque « Korowaï » :
Matthieu Dagorn est né le 19 septembre 1982 à Paris. Après un DNAP aux beaux arts de Quimper, il rencontre en 2008 le collectif d?artistes 9e Concept.?Tout en continuant son travail personnel, Matthieu enchaine les prestations pour le collectif : événementiel, live painting, sérigraphie, customisation d’objets, tatouage, décoration etc. Un enchevêtrement d?éléments a utés caractérise son style.
Ces éléments modelés par la lumière créent une variation d?ombres subtiles. Les formes prennent vie, les volutes ondulent dans cette recherche du mouvement. Matthieu Dagorn réussit à capter l?énergie, la force de l?être dans son instinct le plus profond.?Depuis quelques années Matthieu transpose son imaginaire en volume. En cherchant à sortir des murs, du papier ou de la toile, il explore une autre dimension à la recherche du mouvement et lui donne vie à l?aide de bandes de papier, de bois cintrés, entortillés et colorés. Chaque nouvel angle de vue donne une nouvelle vision de l??uvre
En 2015, il se lance dans une série de masques, représentant des esprits, des êtres venus de nulle part, de son imaginaire, de l’énergie qu’il perçoit autour de lui. Matthieu se laisse porter par l’improvisation et surprendre par la dimension mystique de ce processus créatif.